Assistantes maternelles : un métier essentiel, encore trop méconnu
Alors que le secteur de la petite enfance traverse une crise profonde, les assistantes maternelles (AM) restent les premières professionnelles de l’accueil des jeunes enfants en France. Pourtant, leurs conditions de travail et d’emploi demeurent largement invisibilisées. Une récente étude de l’Institut de Recherches Économiques et Sociales (IRES) dresse un état des lieux aussi complet qu’inquiétant.
Un rôle central dans l’accueil des tout-petits
Avec plus de 700 000 places d’accueil, les assistantes maternelles représentent à elles seules plus de la moitié de l’offre formelle de garde d’enfants de moins de 3 ans. Elles exercent à domicile ou en maison d’assistantes maternelles (MAM), souvent dans des conditions d’isolement, avec des horaires étendus et une charge physique et émotionnelle importante.
Des conditions de travail précaires et peu reconnues
L’étude met en lumière plusieurs difficultés structurelles :
- Une formation initiale courte (120 heures), non diplômante.
- Des horaires atypiques, souvent supérieurs à 50 heures par semaine.
- Une rémunération qui reste en moyenne inférieure au SMIC horaire, malgré une hausse récente.
- Des frais professionnels (logement, matériel, repas) souvent à leur charge.
- Une instabilité de l’emploi liée à la multiplicité des employeurs (les parents).
Une professionnalisation freinée
Malgré les discours politiques, la professionnalisation des AM reste inachevée. Les formations continues sont difficiles d’accès, peu valorisées, et n’ouvrent pas de perspectives de carrière. Le statut hybride des AM – salariées de particuliers mais sans les protections classiques du salariat – les place dans une zone grise du droit du travail.
Un métier sous tension, mais indispensable
La baisse du nombre d’AM (–25 % en dix ans) inquiète les pouvoirs publics, d’autant que les besoins en garde d’enfants restent élevés. Le rapport souligne que les AM servent souvent de « variable d’ajustement » dans les politiques publiques : elles assurent une offre de garde à moindre coût pour la collectivité, au prix de conditions de travail dégradées.
Vers une reconnaissance à la hauteur de leur engagement ?
L’IRES appelle à une refonte en profondeur du statut des assistantes maternelles : meilleure reconnaissance de leurs compétences, revalorisation salariale, accès facilité à la formation, et intégration pleine dans le futur Service Public de la Petite Enfance.
Publication : Assistantes maternelles conditions de travail et d'emploi